La meute de Sandrine Philippe

La photo de classe que nous présente Sandrine Philippe est une promotion Automne Hiver 2015-2016 avec les beaux élèves au milieu et les plus rebelles sur les côtés. Nous avons tous et toutes, en tête, cette journée durant laquelle un photographe venait immortaliser une année. En se replongeant dans un vieil album, nous nous rendons compte d’un hommage, d’une évolution, au passé et à présent. Loin de se demander ce que les visages sur la pellicule sont devenus, la mise en scène des corps habités par les vêtements pointe l’étude du vivant. Les tissus de la collection sont alors comme des tableaux noirs où chacun aurait son mot à dire.

Et le temps passe

Il y a de la patine et du délavé dans toutes les nuances mélancoliques proposées, à même le corps, à la même la peau… Le noir s’étire. Les blancs deviennent des traces qui font tâche d’huile sur un organza, un voile et un coton-cocon. Comme la main d’une artiste qui jette une peinture révoltée sur la toile, le mouvement crée une dynamique chez Sandrine Philippe.

Personne n’a oublié une craie qui grince sur une ardoise et les émotions emprisonnées durant l’enfance. Voilà sans doute une des raisons pour laquelle Sandrine Philippe construit ses pièces comme des cocons pour se protéger d’une violence qui n’est pas forcément physique mais verbale.

La bête sommeille

Il faut alors pourvoir s’enrouler de mélancolie, se superposer de pudeur, et se nouer d’attachements à des valeurs. La vie est un électrocardiogramme qui vous expose et vous pousse à vous  protéger des agressions de l’espace et du temps, des Hommes. La fourrure renvoie à la bête qui sommeille en nous.

Dans cette « danse avec les loups », le poil fait un trait d’union dans une meute. La peau est lustrée par le givre. Les cuirs sont retravaillés. La bataille est en marche avec ses pulsions de conquêtes, ses luttes et ses  chimères. Parce que tout comme l’âme humaine, rien n’est, au final, noir ou blanc mais un peu gris, un gris charbonneux, brûlé, noirci par la vie…

 Seconde peau

La transparence des voiles et des dentelles provoque un désir pour celui qui croise celui ou celle qui porte du Sandrine Philippe. Il est question de s’approprier un vestiaire masculin et féminin pour séduire une fille ou un garçon, et pourquoi pas les deux à la fois. Le genre possède les cœurs des jeunes gens modernes.

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